À Berlin, la Prinz
Albrecht-Straße fut, durant toute la Seconde Guerre mondiale, une des rues les
plus connues d’Allemagne et acquit une sinistre aura pour toute l’Europe, en
incarnant la terreur nazie. Située en plein cœur du quartier gouvernemental du
IIIeme Reich, où se trouvait la chancellerie d’Hitler et les ministères, le n°8
abritait le quartier général de la SS, non loin des Services de Renseignement
et de la police d’Etat (Gestapo). En 1945, à la suite des bombardements, la
majeure partie de ces bâtiments ont été détruits puis entièrement rasés en
1954. Le lieu fut alors laissé à l’état de terrain vague, jusqu’à ce que de
nombreuses voix s’élèvent parmi les berlinois afin de ne pas oublier la sombre
histoire de cette partie de la ville. C’est grâce à la mobilisation de
nombreuses associations et à la mise en place d’actions citoyennes en 1987, que
des fouilles permirent de retrouver la trace des sinistres sous-sols de la
Gestapo. Accompagnée d’une première exposition en plein air permettant ainsi de
se remémorer que c’est à cet endroit qu’a été pensé la planification d’un des plus
grands systèmes de terreur et de répression que l’Europe est jamais connu. Cela
a permis également de ne pas oublier les milliers de prisonniers torturés de
1933 à 1945 dans les 38 cellules que comprenait le site.
En 2010
elle a fait place au centre d’interprétation et de documentation Topographie des Terrors. L’exposition
permanente est consacrée à la question de la prise du pouvoir par les nazis et
à l’organisation de la terreur, de l’extermination et de la répression dans
toute l’Europe. Cette adresse, rebaptisée Niederkirchnerstraße en hommage à une résistante allemande, est désormais
incontournable dans le paysage mémoriel allemand. Tout cela n’a été rendu
possible que par l’intense engagement de quelques berlinois qui permettent
ainsi la transmission critique de cette terrible mémoire européenne. Une
attitude positive qui ne peut qu’enrichir les citoyens français.
Laura Fawer
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