vendredi 10 avril 2015

Topographie des Terrors : refus citoyen de l’oubli



 À Berlin, la Prinz Albrecht-Straße fut, durant toute la Seconde Guerre mondiale, une des rues les plus connues d’Allemagne et acquit une sinistre aura pour toute l’Europe, en incarnant la terreur nazie. Située en plein cœur du quartier gouvernemental du IIIeme Reich, où se trouvait la chancellerie d’Hitler et les ministères, le n°8 abritait le quartier général de la SS, non loin des Services de Renseignement et de la police d’Etat (Gestapo). En 1945, à la suite des bombardements, la majeure partie de ces bâtiments ont été détruits puis entièrement rasés en 1954. Le lieu fut alors laissé à l’état de terrain vague, jusqu’à ce que de nombreuses voix s’élèvent parmi les berlinois afin de ne pas oublier la sombre histoire de cette partie de la ville. C’est grâce à la mobilisation de nombreuses associations et à la mise en place d’actions citoyennes en 1987, que des fouilles permirent de retrouver la trace des sinistres sous-sols de la Gestapo. Accompagnée d’une première exposition en plein air permettant ainsi de se remémorer que c’est à cet endroit qu’a été pensé la planification d’un des plus grands systèmes de terreur et de répression que l’Europe est jamais connu. Cela a permis également de ne pas oublier les milliers de prisonniers torturés de 1933 à 1945 dans les 38 cellules que comprenait le site.
En 2010 elle a fait place au centre d’interprétation et de documentation Topographie des Terrors. L’exposition permanente est consacrée à la question de la prise du pouvoir par les nazis et à l’organisation de la terreur, de l’extermination et de la répression dans toute l’Europe. Cette adresse, rebaptisée Niederkirchnerstraße en hommage à une résistante allemande, est désormais incontournable dans le paysage mémoriel allemand. Tout cela n’a été rendu possible que par l’intense engagement de quelques berlinois qui permettent ainsi la transmission critique de cette terrible mémoire européenne. Une attitude positive qui ne peut qu’enrichir les citoyens français.
Laura Fawer


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire