L’ouverture du nouveau « Musée Vaudou » dans l’ancien château d’eau de la gare centrale de Strasbourg est l’occasion d’élargir le regard vers une autre ouverture annoncée mais nettement moins discrète ; celle du Humboldt Forum de Berlin. Ce projet doit faire face à des opposants virulents comme l’organisation, No Humboldt 21 qui reproche au futur ensemble de « porter atteinte à la dignité humaine ».
D’un côté une initiative privée qui, autour du thème « vaudou », souhaite sensibiliser à petite échelle le public à des cultures africaines mal connues. De l’autre un musée public possédant une importante collection d’art africain que l’on prévoit d’installer dans le château des Hohenzollern reconstruit au centre de Berlin c’est-à-dire au sein de l’un des pôles historiques du colonialisme et de l’esclavagisme allemand. Cette localisation est jugée irrespectueuse d’autant que le musée est associé à un pôle plus vaste destiné à redonner au pays le leadership culturel en Europe. Des questions de fond sont ainsi posées sur l’éthique de l’ethnologie dans le domaine muséal, tels que l’absence de regard critique sur le contexte colonial de la collecte, la restitution d’objets, le recours à une muséographie ethnocentriste…
Est-il raisonnable d’associer un Musée impliqué dans un lent travail de mémoire du colonialisme, un sujet encore sensible aujourd’hui, à un projet politique préoccupé de grandeur nationale ? Il est en tout cas dommage que la réalité d’un projet scientifique et culturel muséal soit occultée par de telles ambigüités. A trop vouloir polémiquer on en oublie que la véritable fonction universelle d’un musée porte sur la sauvegarde et le partage de connaissances, et ceci en toute neutralité.
Claudia DAPINO
Musée des toilettes en Inde, de la tondeuse à gazon au Royaume-Uni, de la nouille instantanée au Japon,... L'ouverture de musées s'est beaucoup développée au cours des dix dernières années dans le monde avec des thèmes insolites.
Ce type de musée entraîne une certaine curiosité, voir des choses que l'on ne verrait pas dans un musée traditionnel et d'attirer en l’occurrence un nouveau public, plus jeune que la moyenne.
Ces musées rencontrent un vif succès. On peut citer le musée des cheveux qui a été créé sur trois sites au Japon et aux États-Unis ! Le musée des amours brisés à Zagreb a accueilli plus de 40 000 visiteurs en 2012 (Le Monde 17-08-2013).
On peut se demander ce que valent vraiment ces objets ? Sont-ils dignes d'être placés dans des musées ? Une tondeuse à gazon a-t-elle autant sa place qu'un tableau de Van Gogh ou une sculpture antique ?
Il faut croire que oui. Ce type de musée permet de donner de l'importance aux objets de notre quotidien, de retracer leur histoire. Et même si placer ces objets dans un musée peut sembler ridicule aujourd'hui, ils auront pour certains une valeur patrimoniale dans plusieurs siècles.
Laura VUILLEMIN
« Aquoi sert le FRAC Bourgogne ? » c’est ainsi qu’était intitulée la
chronique du magazine bourguignon Le
miroir du 21 janvier 2014. Si la question est abrupte, elle ne saurait être
toujours évitée. Mais, qui la poserait telle quelle à un musée ? Comme
eux, les Fonds Régionaux d’Art Contemporain enrichissent et exposent leurs
collections. Ils sont cependant confrontés à de nombreuses idées reçues : trop
d’œuvres, d’artistes sans importance, et qui ne sont pas exposés, etc. De plus,
l’art de notre temps est souvent estimé sous l’angle de sa valeur financière et
des potentielles plus-values afférentes. Certains contradicteurs radicaux de
l’institution appellent donc à vendre les œuvres. Heureusement celles-ci sont inaliénables
car qui peut se targuer d’estimer leur future valeur culturelle et leur
réception dans l’avenir ? Le mépris qu’inspirait l’impressionnisme aux
acteurs artistiques de son temps devrait nous servir de leçon : qui aurait
pu croire à l’époque qu’un musée serait consacré à Monet et que le très large
public vouerait une grande admiration à cette peinture ? L’art
contemporain est en devenir, toute la difficulté est donc de préserver un
patrimoine qui n’est pas encore légitime. Les réactions suscitées par 30ème
anniversaire des FRAC à été l’objet
d’une remise en question pour tenter une meilleure adaptation entre missions d’acquisition
et ouverture aux publics. Dans le même ordre d’idée le Ministèrede Culture proposait récemment de nouvelles pistes pour la valorisation des
collections publiques contemporaines.
Dorine CARTONNET
Vous souhaitez découvrir les collections des musées d’Amazonie, mais le temps ou la distance constituent un frein à cette découverte ? Le réseau des musées d’Amazonie – Musée des Cultures Guyanaise, Stichting Surinaams Museum, Museu Paraense Emilio Goeldi- a pensé à vous en créant une application.
Téléchargeable sur le site internet du musée –une seule connexion est nécessaire- ou empruntable auprès de bibliothèques partenaires, cette application vous donnera accès aux projets et catalogues des collections des 3 musées sur vos ordinateurs ! Rapide à télécharger, cette application est simple à utiliser –peu d’onglets, organisation logique-.
Nous avons particulièrement apprécié la couverture photographique des collections et la présentation des 3 musées membres du réseau, même si nous aurions souhaité des notices plus détaillées et un graphisme plus ludique. On souhaiterait un peu plus d’interactivité de l’application. Le concept n'en est pas moins novateur, et l’efficacité de cette application est incontestable. Cette proposition culturelle est à recommander sans hésitation aux professionnels des musées, aux curieux ou aux enseignants n’ayant pas la possibilité d’emmener leurs classes visiter ces musées.
Manon MORGEN