mardi 13 mai 2014

BERLIN : Polémique autour du projet d’un nouveau musée ethnologique, Le Humboldt Forum.



L’ouverture du nouveau « Musée Vaudou » dans l’ancien château d’eau de la gare centrale de Strasbourg est l’occasion d’élargir le regard vers une autre ouverture annoncée mais nettement moins discrète ; celle du Humboldt Forum de Berlin. Ce projet doit faire face à des opposants virulents comme l’organisation, No Humboldt 21 qui reproche au futur ensemble de « porter atteinte à la dignité humaine ».
D’un côté une initiative privée qui, autour du thème « vaudou », souhaite sensibiliser à petite échelle le public à des cultures africaines mal connues. De l’autre un musée public possédant une importante collection d’art africain que l’on prévoit d’installer dans le château des Hohenzollern reconstruit au centre de Berlin c’est-à-dire au sein de l’un des pôles historiques du colonialisme et de l’esclavagisme allemand. Cette localisation est jugée irrespectueuse d’autant que le musée est associé à un pôle plus vaste destiné à redonner au pays le leadership culturel en Europe. Des questions de fond sont ainsi posées sur l’éthique de l’ethnologie dans le domaine muséal, tels que l’absence de regard critique sur le contexte colonial de la collecte, la restitution d’objets, le recours à une muséographie ethnocentriste…
Est-il raisonnable d’associer un Musée impliqué dans un lent travail de mémoire du colonialisme, un sujet encore sensible aujourd’hui, à un projet politique préoccupé de grandeur nationale ? Il est en tout cas dommage que la réalité d’un projet scientifique et culturel muséal soit occultée par de telles ambigüités. A trop vouloir polémiquer on en oublie que la véritable fonction universelle d’un musée porte sur la sauvegarde et le partage de connaissances, et ceci en toute neutralité.

Claudia DAPINO



lundi 5 mai 2014

Musées de tout et de n'importe quoi ?


Musée des toilettes en Inde, de la tondeuse à gazon au Royaume-Uni, de la nouille instantanée au Japon,... L'ouverture de musées s'est beaucoup développée au cours des dix dernières années dans le monde avec des thèmes insolites.
Ce type de musée entraîne une certaine curiosité, voir des choses que l'on ne verrait pas dans un musée traditionnel et d'attirer en l’occurrence un nouveau public, plus jeune que la moyenne.
Ces musées rencontrent un vif succès. On peut citer le musée des cheveux qui a été créé sur trois sites au Japon et aux États-Unis ! Le musée des amours brisés à Zagreb a accueilli plus de 40 000 visiteurs en 2012 (Le Monde 17-08-2013).
On peut se demander ce que valent vraiment ces objets ? Sont-ils dignes d'être placés dans des musées ? Une tondeuse à gazon a-t-elle autant sa place qu'un tableau de Van Gogh ou une sculpture antique ?
Il faut croire que oui. Ce type de musée permet de donner de l'importance aux objets de notre quotidien, de retracer leur histoire. Et même si placer ces objets dans un musée peut sembler ridicule aujourd'hui, ils auront pour certains une valeur patrimoniale dans plusieurs siècles. 

Laura VUILLEMIN

samedi 3 mai 2014

L’art contemporain objet / victime du questionnement abrupt



« Aquoi sert le FRAC Bourgogne ? » c’est ainsi qu’était intitulée la chronique du magazine bourguignon Le miroir du 21 janvier 2014. Si la question est abrupte, elle ne saurait être toujours évitée. Mais, qui la poserait telle quelle à un musée ? Comme eux, les Fonds Régionaux d’Art Contemporain enrichissent et exposent leurs collections. Ils sont cependant confrontés à de nombreuses idées reçues : trop d’œuvres, d’artistes sans importance, et qui ne sont pas exposés, etc. De plus, l’art de notre temps est souvent estimé sous l’angle de sa valeur financière et des potentielles plus-values afférentes. Certains contradicteurs radicaux de l’institution appellent donc à vendre les œuvres. Heureusement celles-ci sont inaliénables car qui peut se targuer d’estimer leur future valeur culturelle et leur réception dans l’avenir ? Le mépris qu’inspirait l’impressionnisme aux acteurs artistiques de son temps devrait nous servir de leçon : qui aurait pu croire à l’époque qu’un musée serait consacré à Monet et que le très large public vouerait une grande admiration à cette peinture ? L’art contemporain est en devenir, toute la difficulté est donc de préserver un patrimoine qui n’est pas encore légitime. Les réactions suscitées par 30ème anniversaire des FRAC  à été l’objet d’une remise en question pour tenter une meilleure adaptation entre missions d’acquisition et ouverture aux publics. Dans le même ordre d’idée le Ministèrede Culture proposait récemment de nouvelles pistes pour la valorisation des collections publiques contemporaines.
Dorine CARTONNET

AMAZONIE : nous avons testé pour vous l’application des musées en réseau

Vous souhaitez découvrir les collections des musées d’Amazonie, mais le temps ou la distance constituent un frein à cette découverte ? Le réseau des musées d’Amazonie – Musée des Cultures Guyanaise, Stichting Surinaams Museum, Museu Paraense Emilio Goeldi- a pensé à vous en créant une application.

Téléchargeable sur le site internet du musée –une seule connexion est nécessaire- ou empruntable auprès de bibliothèques partenaires, cette application vous donnera accès aux projets et catalogues des collections des 3 musées sur vos ordinateurs ! Rapide à télécharger, cette application est simple à utiliser –peu d’onglets, organisation logique-.

Nous avons particulièrement apprécié la couverture photographique des collections et la présentation des 3 musées membres du réseau, même si nous aurions souhaité des notices plus détaillées et un graphisme plus ludique. On souhaiterait un peu plus d’interactivité de l’application. Le concept n'en est pas moins novateur, et l’efficacité de cette application est incontestable. Cette proposition culturelle est à recommander sans hésitation aux professionnels des musées, aux curieux ou aux enseignants n’ayant pas la possibilité d’emmener leurs classes visiter ces musées.

Manon MORGEN

mardi 15 avril 2014

ROME : Saint-Ignace et la gloire profane



Au cœur de Rome, cette église a ouvert dans mon cœur des fenêtres que je croyais fermées. Pratiquante religieuse pendant l’enfance, mais peu fervente, j’ai toujours été sensible à l’architecture et à l’art religieux. J’aime visiter les lieux des cultes et j’arrive toujours à faire des comparaisons entre les styles  roumains et ceux de l’ouest de l’Europe. En Roumanie, l’intérieur des églises orthodoxes est recouvert de fresques qui débordent parfois sur les murs extérieurs. Profondément impressionnée à Saint Ignace ce n’est pas tant l’ampleur du trompe l’œil bien connu qui m’a surprise mais le recours à des allégories profanes ; celles de l’Europe, de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Asie. Des symboles « païens », en somme, qui font l’éloge d’une personnalité religieuse dans un lieu de culte. Dans les églises roumaines ce sont seulement les personnages bibliques qui peuvent être peints ou, sur le mur du pronaos, des figures votives. Même le plus célèbre peintre roumain, Nicolae Grigorescu (1838 – 1907), qui a décoré l’église du célèbre monastère moldave d’Agapia, n’a pas osé briser complètement le carcan des traditions.  Il a ajouté de nouveaux thèmes bibliques, peint d’une manière nouvelle, réaliste, dynamique l’ensemble des figures mais il a respecté les coutumes.

Même si la plupart des églises roumaines ne sont pas aussi imposantes, j’ai gardé l’église Saint-Ignace-de-Loyola dans mon cœur grâce aux sentiments qu’elle a provoqués en moi.

Elena TILICA

dimanche 13 avril 2014

L'accessibilité au musée, une chimère ?


Le milieu muséal se montre réactif à la demande sociale portant sur l'accessibilité des lieux culturels. La mise en place de dispositifs de médiation, la réflexion sur les accès physiques ont pour but de servir un idéal commun : le musée pour tous.
L'idée est valorisante et révèle une certaine bonne volonté, mais nous pouvons nous demander quand cet objectif généreux pourra être atteint (s'il peut l'être totalement un jour).
Nous avons de quoi douter au constat de la multiplicité des obstacles auxquels les musées sont confrontés : Les a priori sur l’inaccessibilité des lieux de culture, l’installation des musées dans des lieux difficilement adaptables, la multiplicité des handicaps,… Observons l’écart entre les objectifs élevés et la baisse constante des moyens dont ceux du Ministère de la Culture. L’écart entre les idées généreuses et leur mise en place réelle rend les délais fixés improbables.
Il faudra hélas encore des années avant de trouver les solutions intermédiaires qui rendront les musées accessibles, que ce soit pour les visiteurs empêchés socioculturellement ou physiquement.

Aurore KELLER

mercredi 9 avril 2014

GABON : un musée virtuel des Arts et Traditions



A l’occasion d’une recherche sur les musées virtuels j’ai découvert le merveilleux musée des arts et traditions créé par le Gabon. Il fut inauguré en 2006 et son contenu ne cesse d’augmenter et de s’améliorer depuis. Le musée propose une visite entière virtuelle qui nous immerge en plein cœur de la forêt gabonaise où, au détour d’une trouée dans la verdure, nous découvrons un vrai musée, construit virtuellement avec son architecture et son parcours muséographique. C’est un musée que j’ai eu le plaisir de découvrir et de parcourir, et qui m’invite parfois à le redécouvrir, comme on pourrait retourner voir un musée du réel.

            A l’heure de l’informatique et du jeu virtuel, ce musée allie les graphismes d’une expérience virtuelle de jeu et le contenu scientifique attendu de tout musée. Ce genre de présence en ligne est différent de celle observée sur d’autres projet similaires qui proposent simplement un contenu additif à leur visite ou une exposition virtuelle, dans le style du livre imagé.

            Pour ma part, je trouve celui-ci bien réussi dans la mesure où je me sens virtuellement dans un musée, avec des graphismes cohérents et une interface d’utilisation simple et ergonomique : les grands thèmes font l’objet de salles où l’on peut découvrir des aspects plus particuliers du thème traité. Je ne sais pas si la réalité du terrain est tout aussi percutante mais il peut être intéressant pour les musées d’avoir ce genre de présence en ligne, notamment lorsqu’ils doivent justifier de leur utilité sociale. Cela pourrait amener à la création d’une entente de musées qui créerait des expositions temporaires sur des sujets communs, en partenariat avec une école d’infographie.
 Céline BETEROUS