vendredi 17 avril 2015

DER BLITZ – L'ECLAIR



Un espace qui permet d’incarner l’absence
 
            Surnommé ainsi par les Berlinois, le musée Juif résulte d'un concept scénographique complexe et lourd de sens porté par l’architecte Daniel Libeskind. Le bâtiment du musée, ouvert en 2001, revêt des parois de zinc et de bétons, aux césures vives, aux angles cassants et aux lignes tortueuses, lui donnant la forme d'un éclair.
  Passé l'entrée, le visiteur descendu sous terre, est en immersion. Dès lors, nos sens, nos repères et notre orientation sont mis à l'épreuve. L'espace s'ouvre sur trois grands axes préfigurant la continuité, l'exil et la mort, dont seul le premier mène à l'exposition permanente située aux étages.    
   L'architecture est alors au service de la mémoire de ces événements vécus par les juifs allemands et rend palpable ce qui ne peut être dit ou montré: les sentiments et le ressentit. Le visiteur erre dans des couloirs déstructurés aux sols penchés, aux jeux de lumières et d'ombres saisissant débouchant sur des dispositifs étonnants, que sont la tour de l’holocauste et le jardin de l'exil. L'installation «  Voids » de l'artiste israélien M. Kadishman ponctue aussi le parcours. Particulièrement bouleversante, le visiteur est amené à marcher sur une étendue de disques en fer, reprenant des expressions douloureuses de visages humains. Le moindre pas du visiteur entraîne alors une sonorité de fer entrechoqué, amplifiée par la hauteur du plafond. Tout en le plaçant dans un environnement instable où il peut perdre l'équilibre. Ces trois dispositifs sont les points forts de la volonté de l'architecte : « Faire prendre conscience de la tragédie des expériences vécues par les juifs en Allemagne par le biais d'une architecture imposant physiquement un choc aux visiteurs. »
  L'exposition permanente, retraçant l’histoire de la communauté juive allemande et son apport déterminant à l’histoire de Berlin s'est adaptée au lieu, qui perd alors un peu de sa force. Seule une cage d’escalier magistrale y menant garde cette force. Des poutres traversantes, posées irrégulièrement, semblent peiner à garder l’écartement de parois qui conduisent à une issue murée, inachevée qui contraint le visiteur à redescendre quelques degrés pour accéder à l'espace muséographique en contrebas.
   Une visite déroutante et forte de sens.
Leslie FARDIN



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