Jusqu’au 1er juillet 1990 le poste de contrôle de la police
des frontières d’Allemagne de l’Est qui flanque la gare berlinoise de Friedrichstrasse
a été l’un des rares points de passage entre les deux Allemagne. Théâtre d’un
contrôle humiliant et sans faille cette architecture paradoxale qui magnifie la
transparence pour mieux occulter l’opacité de l’organisation sécuritaire a été
surnommée le « Palais des larmes »
Racheté par le land de Berlin, protégé au titre des
monuments historiques en 2003, restauré et devenu lieu de mémoire en 2011 le
bâtiment se présente aujourd’hui comme
l’ un des centres d’interprétation du vécu quotidien de la séparation des deux
Allemagne et du système policier totalitaire mis en place par le Parti socialiste
unifié de la République Démocratique. Il
constitue l’une des contributions de l’État fédéral à la polyphonie mémorielle berlinoise
des années 2000.
Puisant dans les 20 ans d’expérience de la Maison de
l’Histoire de la République fédérale de Bonn la présentation vivante allie
objets et surtout documents dans un parcours scientifique rigoureux. Le
visiteur est ainsi amené par la médiation de nombreux témoignages et exemples concrets
à découvrir les étapes du contrôle des
voyageurs, les techniques d’espionnage et de surveillance employée par la
Police d’Etat (STASI), son organisation et la formation de son personnel,
l’impact sur des trajets de vie
d’anonymes ou de personnalités célèbres comme le chanteur Wolf Biermann. Au-delà des grands idéaux le
recours aux témoignages permet de mettre en valeur le rapport humain à la
frontière- coupure et son impact parfois dramatique sur les destins individuels
ou familiaux de deux générations.
La présentation peine cependant à incarner la volonté politique d’universaliser la séparation
allemande. L’Histoire s’arrête ici aux frontières de l’actuelle République
fédérale et peine à faire l’interface pour un public qui ne serait pas concerné
ou averti.
Benoit Bruant
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