vendredi 17 avril 2015

Expérience de la frontière : Le « palais des larmes »




Jusqu’au 1er juillet 1990 le poste de contrôle de la police des frontières d’Allemagne de l’Est qui flanque la gare berlinoise de Friedrichstrasse a été l’un des rares points de passage entre les deux Allemagne. Théâtre d’un contrôle humiliant et sans faille cette architecture paradoxale qui magnifie la transparence pour mieux occulter l’opacité de l’organisation sécuritaire a été surnommée le « Palais des larmes »
Racheté par le land de Berlin, protégé au titre des monuments historiques en 2003, restauré et devenu lieu de mémoire en 2011 le bâtiment se présente aujourd’hui  comme l’ un des centres d’interprétation du vécu quotidien de la séparation des deux Allemagne et du système policier totalitaire mis en place par le Parti socialiste unifié de la République Démocratique.  Il constitue l’une des contributions de l’État fédéral à la polyphonie mémorielle berlinoise des années 2000.
Puisant dans les 20 ans d’expérience de la Maison de l’Histoire de la République fédérale de Bonn la présentation vivante allie objets et surtout documents dans un parcours scientifique rigoureux. Le visiteur est ainsi amené par la médiation de nombreux témoignages et exemples concrets à  découvrir les étapes du contrôle des voyageurs, les techniques d’espionnage et de surveillance employée par la Police d’Etat (STASI), son organisation et la formation de son personnel, l’impact sur des trajets  de vie d’anonymes ou de personnalités célèbres comme le chanteur  Wolf Biermann. Au-delà des grands idéaux le recours aux témoignages permet de mettre en valeur le rapport humain à la frontière- coupure et son impact parfois dramatique sur les destins individuels ou familiaux de deux générations.
La présentation peine cependant à incarner la volonté  politique d’universaliser la séparation allemande. L’Histoire s’arrête ici aux frontières de l’actuelle République fédérale et peine à faire l’interface pour un public qui ne serait pas concerné ou averti. 
Benoit Bruant

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire